Au fil de l’histoire – Des lieux, des gens
On la connaît maintenant sous le nom de rivière Saint-Sixte, d’après la localité du même nom. Or ce cours d’eau d’une longueur de 54 km a d’abord été cartographié en 1865 sous le nom de Sinsic, par l’arpenteur John Johnston. Dans une carte du « Plan des eaux de la Nation du Nord ou Rivière Chaudière » que détenaient les Papineau y figure le nom « rivière Kisinsic ».
Ce Kisinsic, nous dit l’auteur et poète Jean-Guy Paquin dans son fabuleux livre Un endroit appelé le premier côté du monde, était un grand chef Népissing, allié des Français, qui se distinguera par ses faits d’armes en 1757-1758 durant la guerre coloniale contre les Britanniques. Au moment d’ériger canoniquement la nouvelle paroisse établie en 1855 dans le canton de Lochaber, « le diocèse d’Ottawa, écrit-il, va écarter la dénomination algonquienne rapportée par l’arpenteur Johnston et recourir, par association auditive à Sinsic, au pape Sixte II pour désigner le patron de la paroisse, en 1885.[1] »
La rivière Saint-Sixte naît dans la décharge d’une enfilade de petits lacs (le lac des Pics, à Montpellier, étant reconnu comme son lac de tête) qui viennent grossir le lac Saint-Sixte, sur le territoire de la municipalité de Mulgrave-et-Derry. À partir de ce dernier, la rivière s’élance pour traverser le lac en Cœur, contourner le village de Saint-Sixte, puis serpenter à travers un territoire agricole avant d’aller se fondre dans la Petite Nation un peu en aval des chutes de Plaisance.
[1] Jean-Guy Paquin, Un endroit appelé le premier côté du monde, récits. Jean-Guy Paquin éditeur, 2020, p. 69.
Illustration 65 – Photo de 1950 d’un pont enjambant la pittoresque rivière Saint-Sixte sur la montée Labelle. BAnQ Québec, Fonds Ministère de la Culture et des Communications, (03Q,E6,S7,SS1,D2,P81451), C.-R. Yespelkis.
La rivière Saumon, longue de 25 km, est contenue principalement dans la municipalité de Notre-Dame-de-Bonsecours, avec une petite incursion sur le territoire de Fassett. Émergeant du lac Papineau (connu sous le nom de lac Commandant à l’époque du Seigniory Club), cette rivière a la particularité d’être assez sauvage, notamment dans son bras ouest (la West Branch). Elle est encaissée dans une vallée étroite, en territoire forestier et montagneux, sauf lorsqu’elle s’approche de son embouchure dans la rivière des Outaouais, aux portes du village de Montebello, où elle se courbe gracieusement en bordure d’un pré herbeux. Une bonne partie de son parcours est située à l’intérieur de la réserve naturelle privée Kenauk Nature.
Illustration 66 – Un segment de la rivière Saumon, petite rivière tranquille à peine touchée par le phénomène de la villégiature. Photo Mike Dembeck, photographe pour Conservation de la nature Canada, publiée dans le quotidien Ottawa Citizen le 20 juillet 2020.
Encore de nos jours, son nom officiel rivalise avec l’ancienne dénomination, la rivière Kinonge (parfois écrit Kinongé), un hydronyme d’origine algonquienne signifiant brochet. Cet hydronyme se retrouve sur des cartes de la seigneurie de la Petite-Nation.
Pas facile de démêler une rivière Blanche… d’une autre rivière Blanche! Dans la liste des cours d’eau du Québec en ligne dans Wikipédia, on dénombre pas moins de 39 rivières (ou ruisseaux) ainsi nommées, dont 4 dans l’Outaouais. Et pour nous confondre davantage, il y a la Petite rivière Blanche (à l’Ange-Gardien et Gatineau) et la rivière La Petite Blanche, qui elle, se situe sur notre territoire.
Cette Petite Blanche, un ruisseau pourrait-on dire, s’étire paresseusement sur 13 kilomètres du nord au sud à partir d’un lac sans nom dans la région du Gore pour traverser les municipalités de Saint-Sixte, de Lochaber et de Thurso, avant d’aboutir dans l’Outaouais à l’ouest de la baie Noire, dans le Parc national de Plaisance.
Illustration 67 – Le petit ruban bleu qui frôle la route 317 à sa droite et se déroule ensuite pratiquement en ligne droite jusqu’à l’est de Thurso, c’est la Petite Blanche. On aperçoit un segment de sa « grande sœur », la rivière Blanche, qui elle se mêle aux eaux de l’Outaouais dans la baie Singer, juste avant d’entrer dans Thurso.
Sa grande sœur, « notre » rivière Blanche (par opposition à celle qui va de Val-des-Monts jusqu’à l’ancienne municipalité de Templeton Est), s’élance depuis le lac Écho, dans la réserve faunique Papineau-Labelle, au sud-est de Val-des-Bois, pour aller se jeter, au bout d’une course de 63 km, dans la baie Singer, sur les rives de l’Outaouais, quasiment à l’entrée ouest de Thurso. Son embouchure est à quelques kilomètres de celle de sa petite sœur.
Illustration 68 – La légende de cette photo prise en 1947 indique « Coulée de la petite rivière Blanche à Lochaber et Gore, comté de Papineau ». Mais l’histoire ne dit pas s’il s’agit de la Blanche à l’ouest ou celle qui se trouve à l’est du tracé actuel de la route 317, car toutes deux coulent dans Lochaber et le Gore… Chose certaine, l’image est assez pittoresque, avec ce promeneur solitaire assis devant des rapides. BAnQ Québec, Fonds Ministère de la Culture et des Communications, (03Q,E6,S7,SS1,D2,P38309), Marc Dugal.
Il existe au Québec presque autant de rivières Rouge que de rivières Blanche. Pas toujours évident de distinguer les unes des autres! Dans notre MRC se côtoient la Petite rivière Rouge – qualifiée de « petite » par opposition à son homonyme, la « Rouge » qui parcourt 260 km entre la région non organisée de la Matawinie et Grenville-sur-la-Rouge –, et sa cadette, la Petite rivière Rouge Est.
La première émerge du lac des Plages et vient se jeter dans la rivière de la Petite Nation pratiquement à la jonction entre le rang Sainte-Julie est et la route 323, après un trajet de 50 km, orienté du nord au sud. Sur son parcours, elle traverse le territoire des municipalités de Saint-Émile-de-Suffolk, Namur, Notre-Dame-de-la-Paix, de Saint-André-Avellin et de Papineauville.
La Petite rivière Rouge Est quant à elle prend forme au sud du lac Lévesque et serpente sur 18 km un peu à l’est de la Petite rivière Rouge, dans laquelle elle vient se jeter entre Namur et Notre-Dame-de-la-Paix, après avoir traversé Saint-Émile-de-Suffolk et Namur.
Au nord de la MRC, la rivière Preston se jette dans la Petite-Nation à la hauteur de Duhamel, à peine un demi-kilomètre avant que celle-ci ne se déverse dans les eaux du lac Simon. La Preston, longue de 51 km, n’est présente dans notre MRC que pour son dernier segment, d’à peine 3 km. Elle prend sa source au sud-est du Petit lac Nominingue, dans la région de La Macaza, territoire traditionnel de chasse des Weskarinis, lesquels s’y rendaient depuis leur camp estival sur les berges de la rivière Outaouais en empruntant la rivière de la Petite Nation puis la Preston.
Au tout début de son peuplement, Duhamel portait d’ailleurs le nom de cette rivière, Preston.
Illustration 69 – La rivière Preston, vue du pont de la 321 aux abords de la municipalité de Duhamel. Photo Fralambert, juillet 2020, CC BY-SA 4.0.